BAHANBA avait commencé son jeûne le matin du 9 janvier, deuxième dimanche de l’année. Il avait annoncé la veille aux enfants, par la télévision de l’île, qu’il passerait la nuit en méditation et le matin venu descendrait parmi eux pour y rester sept jours. Les enfants décidèrent de jeûner avec lui. Ils le lui dirent en riant, en sautant et en criant quand il arriva dans le jardin. Ils jeûneraient avec lui, comme lui, jusqu’au bout, ils l’accompagneraient dans son voyage. Il ne les encouragea ni ne les découragea. Il ne prononça pas un mot. Il les regardait et souriait, et quand il s’allongea et ferma les yeux il souriait encore. Le sourire s’effaça lentement de ses lèvres pour faire place à la paix.

Les enfants trouvèrent très amusant de jeûner. Beaucoup tinrent jusqu’au milieu de la journée. Parmi les plus grands un certain nombre arriva jusqu’au soir. Quelques-uns continuèrent le lendemain. Han et Annoa jeûnèrent trois jours.

Quand tomba la lumière bleue du premier soir, beaucoup d’enfants qui d’habitude passaient la nuit ailleurs restèrent dans le jardin pour dormir avec Grand-Ba. Ils se couchèrent ou s’accroupirent par petits groupes, et quelques-uns se mirent doucement à chanter, comme ils avaient l’habitude de chanter quand leur en venait l’envie, des chansons faites de quelques notes, selon la voix et l’imagination de chacun. Et ce soir-là toutes les chansons parlaient de Grand-Ba, lui souhaitaient bon sommeil, bon repos, bon voyage. Il y avait des voix de filles comme des pépiements dans un nid, des voix de garçons pures et longues comme un fil d’ange, et les ronronnements plus graves de ceux qui avaient franchi la puberté. C’était un concert qui ne cherchait pas à l’être, pareil à celui des oiseaux du soir dans la forêt. Toutes les fleurs rouges flambaient dans la nuit bleue, et les enfants aux peaux roses luisaient comme des enfants fantômes.

Den avait allumé un feu sur la petite plage de gravier près du ruisseau et, accroupi dans sa lumière, chantait sans paroles, au rythme des courtes flammes dansantes. Parfois une branche éclatait en étincelles et il l’accompagnait d’un accord de l’instrument appuyé contre son ventre nu. Il avait fabriqué l’instrument, qui ressemblait à un banjo allongé, mais d’un timbre plus chaud. Den était anglais. Il connaissait son père. Sa mère était enceinte quand ses parents étaient arrivés dans l’île. Depuis, ils s’étaient amicalement séparés, comme la plupart des familles. Le désir de quitter l’île avait dévoré Den très tôt. Il supportait mal d’être enfermé. Il voulait naviguer, aller découvrir l’inconnu. Mais il n’y avait pas d’inconnu au bout des océans. Il y avait le Monde impitoyable des hommes en proie à cette chose que les adultes nommaient la mort. Le Monde vers lequel on ne pouvait même pas s’élancer pour le délivrer de sa malédiction, car on ne ferait que rendre plus terribles ses souffrances. Alors Den se consolait en chantant. Il chantait qu’un jour viendrait, un jour, où les murailles de l’île s’ouvriraient et il partirait vers les distances interminables…

Au mois de septembre 71, quand il apprit l’existence du projet Galaad, bien qu’il n’eût alors que quatorze ans, il pensa que c’était cela qu’il espérait, le vrai départ, le vrai vaisseau, c’était cela. Il demanda à travailler avec les adultes, et il y fut admis. Il était très avancé en physique et en mathématiques de l’infiniment petit, et très adroit en mécanique et électronique. Il savait aussi forger un meuble en acier, et construire pour le meuble une serrure à clef ou à combinaison magnétique. Il dessinait sur le sable, il peignait sur le mur de sa chambre, et, le lendemain, il effaçait…

Ce soir de janvier, il ne chantait pas ses rêves de départ, il chantait sans parole pour accompagner le voyage de Grand-Ba, et à cause de sa chanson, peu à peu, un groupe se forma autour de lui. Les enfants arrivaient de la nuit dans la lumière des flammes et s’asseyaient. Certains écoutaient, d’autres chantèrent avec Den, et quand Han vint s’asseoir près de Den, il chanta le nom de Grand-Ba, que Den ne chantait pas.

Annoa vint à son tour et prît place près de Han.

Han et Den se ressemblaient. Ils étaient blonds et minces l’un et l’autre, Han plus doré et Den plus pâle, Han plus rêveur et Den plus pratique. Ils avaient la même nostalgie passionnée des voyages, et Han, chaque jour de beau temps, sautait dans une barque close, tournait comme un fou autour de l’île, frôlait les bouées rouges qu’il avait un jour failli franchir. Repoussé par la menace des haut-parleurs, il était rentré dans l’île avec une sorte de désespoir. Mais les chansons, le travail et les jeux chassaient vite les nostalgies.

Han et Annoa se connaissaient comme se connaissent les enfants d’un village. Ils s’étaient vus chaque jour, mais ne s’étaient jamais regardés. Quand Annoa se baissa pour s’asseoir près de Han, il vit un instant le feu illuminer la petite bouche verticale close au bas de son ventre et les pointes de sa gorge arrondie. Son sexe naïf se dressa. Elle le vit, sourit, lui fit une caresse comme à un petit chat, puis mit ses deux mains croisées à cheval sur l’épaule de Han, y appuya sa tête et commença à chanter avec lui. Le petit chat se calma et s’endormit. Les voix s’éteignaient les unes après les autres. Les enfants s’allongeaient et s’endormaient sur place. Grand-Ba n’avait pas bougé depuis le matin. Annoa cessa de chanter, s’allongea et ferma les yeux. Han chantait toujours, à mi-voix, à bouche close. Il ne disait plus le nom de Grand-Ba, mais tout le chant qui montait de lui sans paroles disait son amour pour le vieillard blanc, et disait aussi une joie surprenante qui lui était venue quand Annoa avait appuyé sa tête contre lui.

Il cessa de regarder le feu et la regarda. Alors il cessa de chanter parce qu’il vit qu’elle était belle. Il était né dans l’île, aux premiers temps de l’île, et depuis qu’il vivait personne ne lui avait dit « ceci est beau, ceci est laid », et bien qu’il aimât les joues des fleurs et les yeux des enfants, les fourrures des bêtes, et tous les rouges de la nuit, jamais il n’avait pensé que ceci ou cela était beau. Et quand il regarda Annoa endormie, éclairée par les petites vagues de lumière du feu, il vit qu’elle était belle, si belle qu’il en fut stupéfait. Il pensa si fortement qu’elle était belle qu’il fut obligé de le lui dire. Il s’allongea près d’elle et le lui dit près de l’oreille, très bas pour ne pas la réveiller. Il disait : « Tu es belle !… Tu es belle !… » Il riait un peu, émerveillé, puis il disait, très doux « comme tu es belle !… » Il savait qu’elle dormait et qu’elle l’entendait.

Le lendemain, elle se réveilla la première au chant des merles et le regarda. Bien posé sur le dos, la bouche entrouverte, les sourcils un peu relevés, il avait l’air étonné d’un tout petit enfant. Elle se mit à rire sans bruit pour ne pas casser brusquement son sommeil. Depuis longtemps il n’y avait plus de tout petit enfant dans l’île, mais toute femme, même si elle n’en a jamais vu, en a le souvenir.

La lumière du jour augmentait, d’abord rose puis dorée avant d’être blanche. Elle révélait les taches claires des enfants dans l’herbe. Ils dormaient allongés, arrondis, écartés, posés comme s’ils étaient tombés du ciel. Ils commençaient à bouger, se mettaient un bras sur les yeux ou se retournaient contre le sol pour empêcher la lumière d’entrer en eux et de les réveiller tout à fait. Les bêtes de jour pointaient leur museau hors des terriers et des trous d’arbres et grignotaient des choses invisibles. Une alouette montait droit en chantant vers ce qu’elle croyait être l’azur sans limite, cognait son vol au plafond, tombait, recommençait à monter et à chanter, tombait encore et recommençait encore, sans désespoir. Annoa se leva et revînt avec des nourritures plein les bras. Elle s’agenouilla et laissa rouler par terre les fruits, les petits pains frais, les brioches, les galettes de fleurs. Elle tendit une pêche à Han, qui venait de s’asseoir et se frottait les yeux. Il la prit et ouvrit la bouche pour y mordre, mais il s’arrêta et dit :

— Grand-Ba ?…

Ils regardèrent.

Bahanba n’avait pas bougé. Sa robe et ses cheveux blancs étaient une lumière d’où semblait venir toute celle du jour. Han posa la pêche dans l’herbe.

— Je continue, dit-il. Toi, tu as déjà mangé ?

Elle fit « non » de la tête. Elle était à quatre pattes, face à lui, et le regardait, et il voyait ses petits seins entre ses bras. Il se rappela qu’il l’avait trouvé belle. Il lui cria :

— Tu es belle.

Et, d’une bourrade, en riant, il la fit rouler dans l’herbe. Elle se releva et prit la fuite. Il la poursuivit, ils abandonnaient les nourritures qui trouvèrent vite preneurs, petites bêtes, petits enfants.

Elle arriva au ruisseau et s’y jeta. Il s’y jeta à sa suite. Ils se couchèrent dans l’eau, s’y roulèrent, s’éclaboussèrent, De temps en temps ils buvaient. Ils se relevèrent ruisselants, se retrouvèrent l’un face à l’autre, avec l’eau qui coulait de leurs cheveux et glissait sur leur peau.

Sans bien savoir ce qu’il faisait, ni pourquoi, simplement parce qu’il avait très envie de le faire, il posa ses mains sur elle et la ramena doucement jusqu’à lui, jusqu’à ce qu’elle fût tout à fait contre lui. Il ferma les yeux et elle aussi. L’eau douce murmurait autour de leurs chevilles, l’eau fraîche sur leur peau entre eux devenait chaude. Ses bras étaient restés autour d’elle, et elle avait fermé les siens autour de lui. La faim rendait leur tête légère et un peu ivre. Ils étaient purs de toute nourriture et de toute pensée, ils étaient l’un contre l’autre et ils étaient bien.

Elle lui arrivait au menton, elle était mince, elle ne pesait guère. Il la souleva et l’emporta, il ne pouvait plus la séparer de lui. Il l’emporta loin des autres, non pour se cacher mais pour être seuls. Il la coucha entre les genêts et les lavandes et commença de l’embrasser. Il avait souvent couché des filles ou été couché par elles. Il n’en avait embrassé aucune. Il était maladroit, il la picorait, il la bousculait de ses lèvres. Elle lui prit la tête dans ses mains et amena sa bouche sur sa bouche. Leurs lèvres ne s’ouvrirent pas. Elles étaient posées comme des roses.

Quand il entra en elle ce fut une émotion si prodigieuse qu’ils poussèrent ensemble un long soupir de délivrance comme s’ils commençaient à mourir ou à vivre.

Il avait déjà connu des filles et elle des garçons, ces jeux-là ne comptaient pas plus que les autres, mais pour lui et pour elle ce fut neuf, et c’était inimaginable. Et quand ils recommencèrent ce jour-là et d’autres jours, ce fut chaque fois la même stupeur, la même découverte, chaque fois la première fois.

Ils ne quittèrent pas le jardin de la journée. Ils n’allèrent pas aux cours, ni à la salle des écrans où l’on pouvait voir les images envoyées par les télévisions du Monde, ils ne voyaient même plus les autres enfants, ni les arbres ni les fleurs ni les bêtes, lui ne voyait qu’elle et elle ne voyait que lui. Ils se tenaient par la main, ils marchaient, ils s’arrêtaient pour se regarder, ils se mettaient à rire de bonheur, ils parlaient à peine. Ils s’asseyaient, il la poussait doucement pour qu’elle se couchât, il se mettait à genoux pour mieux la voir, il lui répétait toujours les mêmes mots : « Tu es belle…, tu es belle… ». Elle fermait les yeux pour mieux l’entendre, pour laisser les mots entrer dans sa tête et chauffer l’intérieur de son corps. Il promenait ses mains sur elle, il la touchait du bout des doigts et du creux de ses paumes, et avec ses joues et son front. Il était pris de frénésie de joie, il roulait son visage sur elle en gémissant, sur sa gorge, sur son ventre, elle riait de bonheur et serrait contre elle la tête blonde, sans rouvrir les yeux.

Quand vint la nuit, il l’emporta de nouveau entre les genêts et les lavandes, et la fatigue du jeûne le retint longtemps en elle, longtemps. Il était ivre de douceur et de la pureté de son corps vide que depuis deux jours seule l’eau avait parcouru, et quand il allait et venait lentement en elle, l’intérieur de sa tête était comme un bateau que l’eau balance si doucement qu’on s’en aperçoit à peine. Il ne savait plus où il était, au-dessus de l’île, au-dessous de la nuit, dans un bateau infini bercé par le bleu. Elle allait avec lui, elle allait, doucement, tranquille, il était le mouvement, elle le recevait et le continuait. Chaque parcelle de son corps entier était offerte, ouverte pour recevoir, absolument détendue, sans obstacle. Il s’enfonçait en elle et quand il arrivait au bout cela continuait en elle et arrivait partout. Ce n’était pas du bonheur, ce n’était pas de la joie, c’était quelque chose qui ne peut pas avoir de nom dans la vie car c’est plus grand qu’elle. Et cela recommençait sans s’être arrêté et s’ajoutait et grandissait encore, et cela ne finirait jamais, jamais…

Elle ne savait pas qu’elle chantait. Et comme sa chanson n’en finissait pas, les autres chansons les plus proches se turent et les enfants qui l’entendaient vinrent autour d’eux et les regardèrent. Ils étaient debout, assis ou à genoux autour d’eux. Il y avait assez de lumière bleue dans la nuit pour les voir. Ils les regardaient, ils étaient silencieux et graves, ce qu’ils voyaient là ils le voyaient pour la première fois, ce n’était pas comme les jeux habituels qui n’étaient que plaisirs vifs et bousculades, c’était différent, c’était important. Ils ne savaient pas ce que c’était, ils ne parlaient pas…

La chanson d’Annoa s’était tue. Annoa ne savait plus qu’elle était vivante. Elle était étendue et calme comme la terre et comme l’eau. Sa respiration s’était arrêtée. Quand elle recommença, longue, profonde, Annoa dormait.

Han s’endormit à côté d’elle. Ils étaient ainsi : elle telle qu’il l’avait laissée quand il s’était enlevé d’elle, lui posé à côté à plat ventre, la tête tournée vers elle et sa main droite sur le genou doré. Son corps ne pesait pas sur l’herbe. Ils dormirent sans bouger toute la nuit.

Le lendemain ils jeûnèrent encore, et oublièrent leur faim dans le grand festin qu’ils avaient commencé l’un de l’autre. Environ une heure avant la nuit, Han aida Annoa à grimper jusqu’à la première branche d’un tilleul dont toute la masse fleurie répandait un parfum tranquille. Il s’accrocha à la branche pour la rejoindre, tira sur ses bras pour se soulever, sentit l’arbre et tout le jardin basculer, ouvrit les mains et tomba comme un chiffon dans l’herbe, évanoui.

Annoa sauta près de lui, le tira jusqu’au ruisseau, le ranima avec de l’eau fraîche et alla lui chercher à manger. Ce fut la fin du voyage des enfants avec Bahanba. C’était Han et Annoa qui étaient allés le plus loin, jusqu’à la fin du troisième jour. À cause du jeûne, Annoa était enceinte.

Le Grand Secret
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